Château Lagrange

Appellation Saint-Julien

3e Grand Cru Classé en 1855
Région: Bordeaux
Sous-région: Médoc
Second Vin : Les Fiefs de Lagrange
Propriétaire : SUNTORY Société japonaise
Meilleurs millésimes : 1990 - 2005 - 2009



Historique

Les recherches ont rapidement révélé que le domaine de Lagrange a une origine qui remonte au temps médiévale, appelé “La maison noble de Lagrange de Monteil”, mais c’est toutefois l’époque moderne à partir de 1842 que son histoire nous intéresse. C’est l’année que le Comte DUCHATEL achète ce grand domaine de 300 hectares dont 120 hectares de vignes et une prodution moyenne de 200 tonneaux. C’est aussi pendant son administration que Lagrange en 1855 est classé 3e grand cru, mais surtout il est le précurseur du drainage des terrains viticoles. Vu la réusite de cette opération, il installe une petite manufacture de drains et de tubes en poterie. Son fils lui succède jusqu’en 1875. C’est alors que le colonial anglais DE MUICY LOUYS achète le domaine. Une transaction au mauvais moment, car c’est en 1876 que le vignoble bordelais connaît son terrible fléau “ le phylloxéra” suivi du “mildiou”, nonobstant Lagrange parvient à bien résister grâce à sa grande superficie. En 1918 c’est la société Immobiliére des Grands Crus de France, déjà propriétaire à cette époque des châteaux Brane-Cantenac et d’Issan, qui achète le domaine pour la somme de 12 millions de francs. En 1925, Manuel CENDOYA viticulteur et José TELLERIA industriel, des Basques espagnols, deviennent les propriétaires, mais nous rentrons dans l’ère des années noires avec toutes les difficultés de négoce provoquées par les mauvaises conditions économiques. Une météo désastreuse oblige les propriétaires de déclasser toute la récolte. Une situation qui les oblige à cèder les parcelles périphériques aux voisins afin de se refaire une santé financière. C’est ainsi qu'à la fin de 1983, le domaine ne comprend plus que 157 hectares au total avec seulement 56 hectares de vignes. Ni Manuel CENDOYA ni son fils Jésus ne parviennent à faire renaître Chateau Lagrange malgré les fonds récupérés. C’est en 1983, sous la tutelle de la Société japonaise SUNTORY, leader des boissons et spiritueux au Japon et un des plus importants distributeurs de vin, que Lagrange va renaître. Son Président, Keizo SAJI et son Vice Président, Shin TORII, ne se sont épargnés d’aucun effort ni de moyen pour faire revivre ce tout grand cru et renoué avec son prestige qu’il avait connu jadis. Aussitôt le professeur Emille PEYNAUD, célèbre oenologue, fut demandé comme conseiller , ce qu’il acceptait et il le resta pendant six ans. Avec les conseils de Michel DELON pendant les dix premières années, une équipe sous la direction de Marcel DUCASSE (ancien élève du Profeseur Peynaud) en collaboration avec Kenji SUZUTA, puis Yukio KITAO (rechercheurs à l’université de Bordeaux), l’ambitieux projet de rénovation du domaine fut réalisé. Le résultat est une réussite totale, Château Lagrange est actuellement au sommet de sa qualité et de son prestige, tout à fait digne de son classement de 3e Grand Cru Classé en 1855. Ce classement lui fut d’ailleurs déjà attribué en 1785 par Jefferson et en 1824 par William Franck.

Terroir et Vignoble

Le domaine de Lagrange s’étend sur 157 hectares en un seul tenant, quant au vignoble il couvre 113 hectares, entièrement situé sur l’appellation Saint-Julien et implanté sur de plus beaux types de graves “guntziennes” de son appellation. Son ensemble est parfaitement drainé soit par un réseau souterrain de drains, soit par des fossés naturels. Lors des replantations, une répartition de cépages lui a été attribuée en parfaite harmonie avec son terroir, dont l’encépagement des vins rouges est composé de 62% en Cabernet Sauvignon, 27% en Merlot et 11% en Petit Verdot. La moyenne d'âge des vignes est de 32 ans. Depuis 1996 Château Lagrange produit également un vin blanc d’appelletion “Bordeaux”, issu des cépages Sauvignon, Sémillion et Muscadelle, surgrèffés sur une parcelle de 4 ha. de vignes rouges. Les méthodes d’entretien et de production sont toutes basées sur la “qualité” et tendent à opter le meilleur entre tradition et modernité, à savoir: - Portes-greffes “Riparia”, 101-14, 3 309 adaptés au sol. - La taille sévère et courte. 5 à 6 bourgeons par pied. - Sélection de la nature des fumures. - Des labours culturales traditionnels.- Pas de désherbage chimique. - Un éclaircissage des grappes excédentaires en juillet avec effeuillage. - La densité des pieds entre 7500 à 8500 pieds/hectare. - Des vendanges à la main, avec sélection des grappes. L’ensemble méthodique de ces travaux maintient une production très basse afin de garantir la meilleure concentration du vin. La vendange se fait toujours traditionnelement à la main, ayant ainsi la posibilité de trier les meilleures grappes et d’éliminer les vertes et les pourries avec une sélection en fonction des cépages, de l’âge des vignes, de la maturité des parcelles et l'origine de son terroir.

LA Vinification

Une vinification bordelaise traditionnelle est conduite dans des cuves en inox termorégulées pendant une cuvaison de 15 à 20 jours à 28°. La fermentation terminée, on procède à une sélection sévère et très pousée des différents vins, destinée à l’élaboration du grand vin de Lagrange, qu’il soit de goute ou de presse, afin d’obtenir le meilleur assemblage. Grâce au grand nombre de cuves, l'art des assemblages peut se réaliser dans des conditions optimum. C’est après la dégustation de toutes ces cuves qu’une sélection est établie pour l’assemblage de Chateau Lagrange, les proportions des différents cépages qui la composent varie chaque année en fonction des caractéristiques propres du millésime. Généralement, le grand vin est issu des vieilles vignes de plus de 30 ans. Cette pratique est également de rigeur pour la sélection des assemblages du second vin “Les Fiefs de Lagrange” crée en 1983 dans le seul souci de préserver la qualité du Grand vin. Pour mémoire : En 1983 le groupe japonnais “Suntory” achète le domaine et décide une replantation du vignoble, ce qui crée un apport important de jeunes vignes, afin de bien préserver la qualité du grand vin, un second vin à été crée lequel était élaboré avec ses jeunes vignes. Actuellement, l’assemblage du second vin bénéficie d’une sélection presque identique au premier et il n’est pas surprenant de constater que, le “Fiefs de la Grange” est aujourd’hui dans le peleton de tête des seconds vins des Grands Crus Classés du Médoc.
Le cuvier comporte 56 cuves en acier inoxydable, dont 44 de 220 hl., conçues et installées afin de pouvoir faire des sélections les mieux adaptées en fonction du terroir, des cépages et l’âge des parcelles. Un petit lot de cuves pour les vins de presse a également été installé. Chaque cuve est pourvue d’un échangeur de températures à double paroi à circulation d’eau froide et chaude, qui répond à un controle semi-automatique nécessitant volontairement l’interprétation et l’intervention des hommes. Ce cuvier doté des meilleurs aménagements techniques a même été soigné esthétiquement par un revêtement de mosaïques de Briare qui lui donne toute son originalité.

Elevage

Le chais d’élevage entièrement climatisé avec une hygrométrie controlée est une construction neuve d’une capacité de 6 000 barriques bordelaises de chêne, renouvelé chaque année de 60% pour le grand vin et de 20% pour les second. C’est dans ces barriques que le vin continue son élevage pendant 16 à 20 mois selon le millésime. Un collage aux blancs d’oeufs avec des soutirages traditionnels à la bougie, l’ouillage pour compenser la part d’oxygènation, soins effectués par le personnel du chai. Puis, le moment venu, le vin quitte les barriques pour être mis en bouteilles par une chaîne d’embouteillage ultra moderne, d’une capacité de 6 000 bouteilles par heure. C’est dans ces bouteilles de différents formats qu’il va continuer sa progression et son développement, sous la surveillance d’un personnel qualifié pendant quelques mois, voir quelques années. Ensuite il sera conditionné en caisses de bois pour être expédié dans le monde entier par l’intermédiaire du négoce de Bordeaux.

Le Vin

Une belle réussite, un vrai Saint-Julien s’inscrivant dans la pure tradition depuis la fin des années 80. C’est le résultat et l’aboutissement d’un travail de géant qui a été accompli par une équipe hautement qualifiée sous la houlette de Marcel Ducasse. La replantation du vignoble, la modernisation du cuvier et la réfection du château à été un des plus grands chantiers dans le Médoc au XXe siècle. Lagrange toujours en déclin en 1983 avant le rachat par le groupe Suntory, est actuellement un des leaders des Grands Crus Classés du Médoc pas seulement par la grande qualité et régularité de son vin, mais également en affichant une étiquette de prix très abordable par rapport à ses concurents dans la haute gamme de ces grands crus. Château Lagrange est un vin comme on les aime, un vrai modèle de Saint-Julien issu d’une vinification traditionnelle. Ici on ne cherche pas à faire un cocktail de chaîne vanillé, ni à faire un coulis de raisin. Non! Ici, on fait du vin. D’une régularité exemplaire obtenu par une sélection très sévère, il est particulièrement harmonieux et se présente dans une belle robe rouge foncé. Les tanins bien solides avec une bonne aptitude au vieillissement. Le corp gras et onctueux , riche en sève qui marque son temps avec une bonne longueur en bouche. Profond, charnu et généreux. Un nez bien prononcé d’un parfum délicieux et délicat , mélange de pruneaux, fruits mûres et épices.

Lagrange château G
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Mercredi 22 Février 2006
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